Les stick charts des îles Marshall

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Les Micronésiens et Polynésiens ont toujours été de bons navigateurs ; que ce soit dans la navigation côtière ou hauturière.
Le savoir des capitaines se substituait à toute instrumentation. Ils maîtrisaient une parfaite connaissance des trajectoires du soleil, des étoiles, des vents, des courants.
Ce savoir était transmis en secret d’un maître à son élève choisi dans la parentèle.
Les « instruments de navigation » étaient des objets rares et très restreints dans leur fonction.
Les plus connus sont certainement les instructions nautiques des îles Marshall, appelées « stick charts ». Elles ne constituent cependant pas des cartes marines dans notre acception occidentale.
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Ces « cartes » très particulières sont constituées de baguettes de bois attachées les unes aux autres ; de petits coquillages étant fixés à leur jointure.
Les nœuds-coquillages représentent soit des îles, soit des axes des étoiles ; et les bâtons, des « dungungs », selon les premiers témoignages du Capitaine Winckler qui s’intéressa à ces objets.
Ces « dungungs » marquent l’orientation de la houle.
En effet, les phénomènes qui permettent d’aider le navigateur à positionner une île qui n’est pas en vue, sont la réfraction et la réflexion des vagues ; celles-ci prenant des directions différentes lorsque la houle touche les côtes.
Les stick charts renseignaient les navigateurs sur ce point.

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Mais les capitaines des îles Marshall n’emportaient probablement pas ces modèles à bord de la pirogue « pilote » qui guidait généralement toute une flotte ou flottille (20 à 80 embarcations).
Ces « stick charts » servaient à son entraînement puis fonctionnaient comme aide-mémoire.
Il semble même que si un navigateur emportait à bord l’une de ces « stick charts », il pouvait être déconsidéré.
Ces « instructions nautiques» se classent en 3 catégories :
Mattang (Diagramme général permettant d’apprendre les principes de base, le point M est le centre de l’atoll et les différentes lignes figurent les modèles possibles de réfraction, réflexion, diffraction des vagues) :

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Meddo (Diagrammes permettant de visualiser les principaux courants de vagues pour des îles déterminées),
Rebbilib (Instructions couvrant tout l’archipel des Marshall ou éventuellement des sous-parties ).
Par exemple pour la partie Sud des Marshall, les « instructions nautiques » suivantes sont assez bien explicites puisque les coquillages déterminent des positions d’îles que nous pouvons retrouver sur la carte ci-jointe :

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À la complexité de ces cartes, s’ajoutaient les différences de réalisation selon l’interprétation de la personne qui les réalisait ; le maître-navigateur se devait de travailler de concert avec elle.

Figure 1 : Aquarelle montrant une embarcation micronésienne. « Campagne de l’Uranie (1817-1820). Journal de Rose de Saulces de Freycinet », d’après le manuscrit original, accompagné de notes par Charles Duplomb, Paris, 1927, pl. XIX.
Reproduite in Art Tribal 09. p. 74.
Photo 2 : Musée du Quai Branly.
Photo 3 : Rebbilib, The Metropolitan Museum of Art, The Michael C. Rockefeller Memorial Collection.
Schéma 4 : in Davenport, William. 1960. « Marshall Island navigational charts ». Imago Mundi, 15, 19-26..
Schéma 5 : Carte des îles Marshall.
Schéma 6 : in Bryan, E. H. Jr. 1938. « Marshall Islands stick chart ». Paradise of the Pacific, 50 (7) : 12-13 – Bishop Museum.

10 commentaires sur “Les stick charts des îles Marshall

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  1. Je suis en train de construire une pirogue double de voyage, et mon but est justement d’étudier la navigation océanienne. Comprendre cet art de la navigation, approfondir le sujet, rassembler une connaissance pertinente sur le sujet, tester et utiliser cet art.

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