Des crocodiles sous les nymphéas

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Ainsi commence le parcours …
Deux longs crocodiles cultuels sculptés, de Papouasie Nouvelle-Guinée, reposent aux pieds de la toile de Monet.
13 salles de la Fondation Beyeler sont investies par des oeuvres d’Afrique et d’Océanie. Plus modestes en nombre s’y fondent les oeuvres occidentales sans correspondance évidente, ni déplacée, ni exagérée… simplement quelques formes suggérées, quelques étonnements suscités.
L’on se heurte très vite à d’imposants et terrifiants nkisi nkondi bardés de clous dont on peut retrouver de lointains échos dans les traits vifs et noirs de la Femme lisant de Georges Braque.

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Pêle-mêle, la sculpture en bronze d’Henry Moore du Dieu A’a, semblable à son modèle du British Museum, le corps couvert de ces petits dieux « dé-multipliés », inaugure une salle peuplée de sculptures polynésiennes.
À l’autre bout, lui donne la réplique une multitude de pagaies de danse de l’île de Pâques sur lesquelles l’on aimerait tant y discerner des visages !
Comme si la divinité s’était ainsi distribuée dans cette salle, où La femme assise de Giacometti trône discrètement, entourée de petites figures de Tahiti.

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Plus loin, une grande salle est peuplée de sculptures yipwon du Korewori ; sculptures-crochets, sculptures-squelettes. Elles dévoilent un monde par elles-mêmes, portant leur univers comme dans leurs corps évidés… difficile d’y répondre. Quelques toiles de Matisse aux papiers découpés s’éparpillent sans épaisseur.

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La dernière salle est sombre, presque vide, et ne semble pas attirer beaucoup de visiteurs.
Et pourtant, quelle intensité avec les toiles de Rothko dont Untitled (Red, Orange) réagit à l’effigie agressive du dieu Ku d’Hawaï dans sa splendeur de plumes !

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À l’entrée, le masque du Détroit de Torres en écaille de tortue, aux yeux de nacre demeure toujours aussi énigmatique.
Es-tu homme ? Es-tu esprit crocodile annonçant la création d’un monde ?
Es-tu le sphinx qui clôt le parcours pour mieux l’annoncer :
« Êtes-vous bien prêt pour ce qui est irreprésentable ? »
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Un grand merci à Elisabeth pour m’avoir guidée à Bâle.

Cf. Les avant-gardes et l' »art nègre », tension visuelle, article du Monde du 29 janvier sur le sujet.

Photo 1 : Claude Monet, Le bassin aux nymphéas, triptyque, 1917-1920 © Fondation Beyeler , photo sur site http://www.quickshots.homepage.t-online.de/
Photo 2 : Nkisi Nkondi, © Afrika Museum, Berg en Dal, © Ferry Herrebrugh.
Photo 3 : Georges Braque, Femme lisant, 1911, © Fondation Beyeler, photo sur http://www.artnet.com
Photo 4 : Dieu A’a, Rurutu, Iles australes, © The British Museum.
Photo 5 : La femme assise, Alberto Giacometti, © CNAM.
Photo 6 : Bâton de danse, Ile de Pâques, © Collection Barbier-Mueller © Studio Ferrazzini Bouchet.
Photo 7 : Figure Yipwon, Yimam people, Korewori River, Moyen Sepik, Papouasie Nouvelle-Guinée, The Michael C. Rockefeller Memorial Collection, © The Metropolitan Museum (non exposé).
Photo 8 : Portrait en plumes, ki’i hulu manu du dieu de la guerre Kuka’ilimoku, îles Hawaii © Ethnologische Sammlung der Universität Göttingen.
Photo 9 : Rothko, untitled (Red, Orange) 1968, © Fondation Beyeler.
Photo 10 : Masque composite , Papouasie-Nouvelle Guinée, Détroit de Torres, © Collection Barbier-Mueller © Studio Ferrazzini Bouchet.

3 commentaires sur “Des crocodiles sous les nymphéas

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  1. J’ai lu en parallèle ton article et celui d’Elisabeth, deux regard croisés sur cette présentation à la Fondation Beyeler.
    Je trouve le dieu de la guerre à la fois redoutable mais avec un côté « peluche ».

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