Ne nous rendez pas ces crânes

Vitrine du Missiemuseum © Site

Le Missiemuseum de Steyl aux Pays-Bas a été créé suite aux collectes des missionnaires. C’est en 1875 qu’ Arnold Janssen a fondé la Congrégation du Verbe Divin – Societas Verbi Divini (SVD) à Steyl qui, à partir de 1879 a envoyé des missionnaires de par le monde. Ces derniers ont rapporté des centaines de spécimens d’histoire naturelle mais aussi des artefacts. En 1931 fut ainsi inauguré le musée tel qu’il est resté de nos jours sous l’impulsion de frère Berchmans, particulièrement intéressé par la collection de papillons et d’insectes.

Or parmi ces collections se trouvent cinq crânes de Papouasie Nouvelle Guinée dont on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’ils ont dû être au collectés au début du 20è siècle. Paul Voogt, conservateur du Missiemuseum, a initié ces dernières années des recherches de provenance. Comme pour de nombreux musées, celles-ci sont motivées par la prise de conscience de ces institutions que les relations de pouvoir étaient inégales lors de la collecte des objets et ici de restes humains. Mais de quelle manière les populations concernées regardent-elles aujourd’hui des artefacts qui faisaient autrefois partie de leur environnement ?

Ce que nous considérons être un « objet sensible » ne l’est pas indépendamment de tout contexte et même de la période de l’Histoire où nous les regardons. Les choses sont évaluées différemment par les individus et c’est ce qui se passe lorsque nous jugeons problématiques les collectes et l’exposition de ces crânes. Lorsque Voogt est arrivé dans le pays, il a constaté que la population locale n’était pas intéressée par le rapatriement des crânes.

« Ils pensent que c’était il y a trop longtemps, ne savent plus qui ils étaient et ils ont fabriqué un grand nombre de nouveaux crânes entre-temps. De plus, il pourrait s’agir de crânes d’ennemis et les gens pensent que cela pourrait porter malheur »déclare Voogt dans l’article de DutchNews du 7 janvier dernier.

Christiane Falck témoigne d’une expérience similaire avec des objets du Sepik des collections de Göttingen : SENSIBLE OBJEKTE? Gespräche am Sepik über Objekte in der Göttinger Ethnologischen Sammlung et partage un document qui fait réfléchir sur les Objets sensibles – Restes humains dans les collections ethnologiques

Vitrine du Missiemuseum, photo © RCE Serge Technau

Pour une petite visite du Museum, voir la vidéo ci-dessous :


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