Les pilons d’Otto Schlaginhaufen

Planche 1 p. 31 in Abhandlungen und Berichte des Königl. Zoologischen und Anthropologisch-Etnographischen Museums zu Dresden, 1922 – Quetschkolben von Berlinhafen d’Oskar Nuoffer, 1917

Je l’ai déjà écrit mais je persiste, la documentation fournie par Michael Hamson tant sur son site Oceanic Art que dans ses publications papier est remarquable.

Je recherchais une précision sur les planches du Golfe de Papouasie lorsque je suis tombée sur son ouvrage de 2021 : Oceanic Art. Provenance and History que j’avais bien rangé dans ma bibliothèque…trop bien rangé !

Parmi les nombreux articles, tous aussi passionnants les uns que les autres, je me suis arrêtée sur celui intitulé : « Oskar Nuoffer et les pilons de taro figuratifs collectés par Otto Schlaginhaufen sur la côte nord de la Nouvelle-Guinée en 1909 » écrit par David F. Rosenthal et que l’on retrouve intégralement sur le site de Michael Hamson.
Ce sont des objets que je connais mal et j’ai été frappée par la richesses des planches reproduites.

Il faut donc revenir à Otto Schlaginhaufen qui a collecté en 1909 les pilons dans les villages d’Arup et de Malol situés sur la côte au nord d’Aitape. Certaines pièces de ce genre avaient déjà été collectées mais avaient été mal identifiées, confondues avec des batteurs pour tambour à fente.

C’est Oskar Nuoffer un ethnologue travaillant au musée de Dresde qui s’est intéressé aux objets rapportés par Schlaginhaufen et qui en a souligné  l’exacte fonction :  écraser ou piler le taro. Dans son article de 1917 intitulé Quetschkolben von Berlinhafen paru dans la revue du musée de Dresde 1917-1922 dirigée par A. Jacobi, c’est lui qui réalise les 4 planches de très soigneux dessins de ces pilons. (les 3 suivantes sont reproduites ci-dessous). 

Contrairement aux pilons mieux connus de Polynésie, ceux-ci sont presque toujours ornés d’une représentation anthropomorphe ou zoomorphe sculptée au sommet de la poignée, et la diversité de leur iconographie est suprenante ! On notera de nombreuses figures janus ou encore des associations hommes-animaux inattendues. des figures dignes du bestiaire d’un Jérôme Bosch !

Détail de la planche 3

Schlaginhaufen n’a pas eu d’explication concernant ces personnages ou ces scènes et Nuoffer n’a pu qu’émettre des hypothèses y voyant des illustrations se référant à des mythes et à des événements mythiques véhiculés dans la région. Mais cela ne demeure que des interprétations !

Ce qui est étonnant et décevant, c’est que ces objets ont été déposés au Museum de Dresde et si la collection Schlaginhaufen du musée affiche bien 75 objets en ligne, ceux-ci sont essentiellement des dagues, des flèches et des photographies… aucune trace de pilon ! Faut-il y voir le résultat de la politique des doublons qui a autorisé les musées à vendre entre 1888 et 1943 bon nombre d’artefacts ? Ou une disparition d’objets pendant la guerre puisque Dresde a été décrite comme « un champ de ruines sous les bombes » malgré semble-t-il des collections mises à l’abri ? Ou simplement une mise en ligne partielle des collections…

En savoir plus sur Otto Schlaginhaufen : Otto Schlaginhaufen – Member of the German Naval Expedition (1907-1909) par Rainer F. Buschmann.

5 hommes autour d’Otto Schlaginhaufen, Anomaur, région de Paup, PNG © Staatliche Kunstsammlung Dresden,
Museum fur Völkerkunde Dresden F 1911-1/13

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