Gunnard Landtman – Golfe de Papouasie (4)

Maison longue à Oromosapua (154m) – île Kiwaï © G. Landtman National M. of Finland VKK248:107

Gunnar Landtman (1878 – 1940) est un anthropologue finlandais qui a entrepris des travaux de terrain dans la région sud-ouest du Golfe de Papouasie-Nouvelle-Guinée de 1910 à 1912. 
On doit à l’anthropologue David Lawrence, une imposante monographie sur le séjour de Landtman :  À lire Gunnar Landtman in Papua 1910-1912, Australian National University Press, 2010. Cet ouvrage recense également les ouvrages et articles de Landtman qui fut un écrivain prolifique entre 1912 et 1934, dont les plus connus sont  The folk-tales of the Kíwai Papuans (1917) et The Kiwai Papuans of British New Guinea : a nature, born : instance of Rousseau, une véritable somme avec une introduction de A.C. Haddon, publié en 1927.

Lors de ses études à Cambridge, Landtman rencontra Alfred Cort Haddon qui devint un mentor et un guide précieux dans le monde de l’ethnologie britannique ; c’est lui qui le conduisit à explorer la vie et la culture des Kiwai.

En effet, l’expédition de Cambridge de 1898 dans le Détroit de Torrès avait été menée dans l’idée d’une ethnologie de sauvegarde, pensant que les modes de vie de ces peuples allaient disparaître. Les études réalisées par l’équipe de Haddon avaient été considérables, cependant, les travaux sur la côte sud-ouest de la Papouasie présentaient bien des lacunes. En 1910, et sur les conseils de Haddon, Landtman part avec l’idée précise de visiter l’estuaire de la Fly River, la région des peuples Kiwaï. Il voyagera entre outre dans les plaines humides de la rivière Aramia (où vivent les Gogodala) et s’aventurera jusqu’à l’île de Goaribari. Très attaché au folklore, il enregistrera une importante série de légendes et d’histoires Kiwaï.

Intérieur d’une maison longue à Auti – île Kiwaï © G. Landtman National M. of Finland VKK248:86

Il note également une utilisation des planches Gope dans cette région des Kiwaï qui n’avait peut-être pas été remarquée par les prédécesseurs qui exploraient les régions se situant plus à l’Est du Golfe. En effet, leur fonction protectrice pouvait s’appliquer aux pirogues, ainsi étaient-elles embarquées ! (photo ci-dessous). De plus, tout comme A.B. Lewis en fera le constat en en région Mekeo, elles pouvaient être suspendues à l’extérieur des maisons longues afin protéger les hommes de la maladie, et non pas seulement conservées dans les alcôves auprès des crânes.

Pirogue avec gope © G. Landtman National M. of Finland VKK248.452

À Gaima encore, à l’entrée de la région Gogodala, au lieu de rencontrer des hommes portant des bonnets tressés, rigides et coniques (diba) (lire l’article Culture Gogodala : traditions artistiques), ce sont des filets de deuil (atima) qui couvrent curieusement les têtes de certains hommes et femmes . Il semble que la longueur du filet dépendait de la relation entre le défunt et la personne en deuil. Une grande partie des artefacts que Landtman a collectés dans la région ont été détruits à cause d’un accident de pirogue. Une cinquantaine d’objets Gogodala, dont ce bonnet en maille en fibre végétale (ci-dessous), a cependant été sauvée et constitue un ensemble important de cette culture au musée national de Finlande.

Homme Gogodala © Landtman Musée national de Finlande – Homme en deuil à Gaima VKK 248:409 – Bonnet de deuil VK4902:146, 1910 Photo © Timo Syrjänen

Le musée national de Finlande réouvrira ses portes en 2027. Il possède plus de 1000 objets collectés par Gunnar Landtman dans le Golfe de Papouasie dont un grand nombre se trouve mis en ligne sur le site.

Extrait de la notice du musée :

Ce gope est « placé à l’avant des canoës, debout, le visage regardant vers l’arrière. Il est maintenu en position verticale à l’aide de béquilles spéciales ». Le même disque pouvait être « détaché du canoë et suspendu au-dessus de l’entrée de la maison. Lorsqu’il est utilisé dans un canoë, le gope est muni d’un ornement voisin composé de brindilles de croton et de dracaena fixées surtout à l’arrière du bouclier, avec une sorte de boule tressée oblongue tout en haut. Ce feuillage est, dans de nombreux cas, préparé avec des « médecines » magiques, et même dans le cas contraire, cet ornement de pirogue est destiné à assurer la chance dans les voyages ».

Extrait de la notice du musée :

« Disque en forme de bouclier suspendu comme protection au-dessus des portes d’entrée des maisons. Accroché au-dessus des pignons d’entrée des maisons, il sert de protection contre les maladies, mais aussi contre d’autres influences maléfiques. Il semble essentiel que ce type de gópe soit suspendu par une corde afin qu’il puisse se balancer librement. Quelle que soit la direction d’où vient la cause de la maladie (l’esprit), elle se heurte à la vue du gópe et recule ».


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