F. E. Williams – Golfe de Papouasie (10)

Larava (alcôve) in Onopo Ravi à Iari in The natives of the Purari Delta, 1924

Francis Edgar Williams (1893 – 1943) fut anthropologue du gouvernement dans le territoire australien de Papouasie, de 1922 jusqu’à sa mort. Il fut un photographe prolifique puisque sa collection est composée de près de 2000 photographies et négatifs sur plaque de verre. Elle est conservée dans les Archives nationales d’Australie, au Musée d’Australie-Méridionale et dans les Archives nationales de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il a écrit également de nombreux rapports et une partie de ces documents et des photographies est consultable sur le site National Archives of Australia.

Ses missions l’ont amené chez les Suau à l’Est du Golfe, chez les Orokaiva et Vailala et les Keraki à l’Ouest. Ses articles sont nombreux et ses ouvrages également. Les plus célèbres sont : The natives of the Purari Delta, 1924 ; Orokaiva Magic, 1928 ; Orokaiva Society, 1930 ; The Vailala Madness, 1934 ; Depopulation of the Suau District, 1933 ; Papuans of the Trans-Fly, 1936 ; Drama Of Orokolo. The Social And Ceremonial Life Of The Elema, 1940.
Sauf omission, seuls le premier et dernier de cette liste sont mis en ligne intégralement.

Signalons encore qu’une importante monographie a été publiée en 2001 : An Anthropologist in Papua: The Photography of F.E. Williams, 1922–39 par Michael W Young and Julia Clark. 

in An Anthropologist in Papua: The Photography of F.E. Williams, 1922–39 

Les photographies de cet article sont issues de The natives of the Purari Delta, de ce dernier ouvrage et des archives australiennes. Elles donnent notamment à voir les intérieurs des maisons longues (ravi ou eravo) peuplées de planches, mais aussi de grands masques.

Le premier terrain de Williams se situe dans le Delta du Purari. Il y reste huit mois d’avril 1922 à décembre 1922 et photographie notamment le village de Iari.

Williams est arrivé dans cette région à une époque où les choses changeaient. Après l’arrêt de la guerre, beaucoup d’hommes étaient partis travailler dans des plantations ou avaient été recrutés pour le champ pétrolifère de Vailala. Dès 1919, de nouvelles fêtes sont données en l’honneur des ancêtres au cours desquelles les objets traditionnels sont détruits pour être remplacés par des objets occidentaux, ce qu’on a appelé « cultes du cargo ». Elles sont présentes dans le Golfe sous le nom de « folie Vailala » sur laquelle Williams va enquêter. Il en tirera un livre paru en 1934. Mais Williams a un intérêt réel dans la culture papoue, contrairement à Hubert Murray, le gouverneur australien du territoire de Papouasie de l’époque qui, semble-t-il, s’intéresse à l’anthropologie dans la mesure où elle peut être utile à des fins de contrôle de la population autochtone. Williams se bat réellement pour un renouveau de la vie rituelle.

Après avoir passé un bon moment chez les Orokaiva (Nov 25-janvier 26), il stationnera quelques mois dans une région plus à l’ouest des Gogodala que nous avons déjà évoqués, chez les Keraki, peu connus car en dehors des sentiers battus par l’administration de l’époque.

in An Anthropologist in Papua: The Photography of F.E. Williams, 1922–39 

Les dernières stations où l’on trouvait des Européens et Australiens vers l’Ouest se situaient à Madiri sur la Fly River et à Daru (cf.c arte ci-dessus). Cette partie du « Trans-Fly » District avait été fermée aux recruteurs de main-d’œuvre à la suite du décès de plusieurs travailleurs et les missions ne s’y été pas aventurées. Williams s’installa à Bebedeben, le coeur de la région située entre les rivières Morehead et Wassi Kussa. Pas de maisons longues, mais de petits villages et des populations que Williams décrit pour être encore traumatisées par des raids guerriers du fait des Marind-Anim, très bien entraînés à la chasse aux têtes.

Bebedeben – 1927 – Le Nu-poki-vabu ou lieu de production de pluie de Wengu et Yeremb – Sarau sur la photo montre l’auge, les pierres et les coquillages jemberi représentant les corps célestes.

Williams poursuivra ses études auprès de populations situées plus à l’intérieur des terres, telles que les Orokaiva et des cultures moins connues comme les Nemea et les Ukaudi du District Abau, dans la division orientale du Golfe. Cependant, son principal terrain d’étude a été le territoire Elema, où il a passé 21 mois sur une période de 15 ans. Il a principalement travaillé à Orokolo auprès des Elema occidentaux. C’est probablement auprès de ces derniers qu’il a rapporté les photographies les plus spectaculaires des masques de danse Eharo, fabriqués et portés dans le cadre du Hevehe, un grand cycle de cérémonies qui a dominé la vie cérémonielle des Elema au début du XXe siècle. À cela s’ajoutent les sorties des masques Kovave et des masques éponymes Hevehe.

Nous reparlerons plus particulièrement de ces masques dans une note ultérieure.

Hevehe devant un Eravo à Orokolo, 1932, photo F.E. Williams © National Archives of Australia.

Les terrains de Williams furent donc multiples jusqu’à sa mort en 1943, un accident d’avion.

Chaque photographie qu’il a prise peut être analysée en détail et constitue une source inestimable d’informations sur les sociétés du Golfe au début du XXe siècle. Cependant, on peut aussi se laisser simplement émouvoir par les séries de portraits qu’il a réalisés au fil de ses voyages

© National Archives of Australia & National Archives of Papua New-Guinea


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