
« On ne peut les invoquer par la prière, mais un leimuba peut apparaître soudainement à un humain et lui offrir une amulette porte-bonheur, voire un rouleau de monnaie en plumes rouges, puis disparaître tout aussi soudainement » …. ces amulettes porte-bonheur pouvaient être » des objets utilitaires miniatures tels que du bétel, des mortiers et des pilons, ou des bols » écrivait William H. Davenport dans son ouvrage Santa Cruz Island. Figure Sculpture and its Social and Ritual Context p.14. Bien qu’associées aux munge dukna, leur représentation s’en distingue par une esthétique plus sobre, dépourvue de coiffe mais néanmoins richement parée.

La figurine présentée ci-dessus appartenait à Davenport lui-même ; elle correspond à la figure 52 de son ouvrage. Il précise (p. 212) qu’elle lui fut offerte en 1958 par le diacre Clement Daagi, de la Mission anglicane mélanésienne du village de Nea, situé sur la côte sud. Le diacre souhaitait que Davenport la transmette à Mgr Hill lors de sa visite prévue en 1959 sur l’île. Ce dernier ayant décliné le don, Davenport conserva la statuette. Le diacre fut sa seule source d’information à son sujet, affirmant qu’il s’agissait d’une représentation d’un leimuba — un être surnaturel bienveillant vivant à l’écart, au cœur de la forêt tropicale. Davenport ajoute à propos de ces figures masculines : « personne ne sait avec certitude s’il existe des femelles, si elles se reproduisent ou si elles sont immortelles comme les dukna« .
Toujours d’après Davenport, les statuettes de leimuba étaient conservées cachées dans un lieu secret « jusqu’à ce que son propriétaire souhaite l’utiliser ou lui parler, espérant attirer l’attention d’un leimuba qui pourrait lui faire cadeau de monnaies de plumes » ( p. 212).
Probablement dans le même registre, on trouve au muséum d’histoire naturelle du Havre une statuette originaire de Vanikoro collectée par Louis Le Mescam et donnée à la ville du Havre en 1895.

Peu d’informations lui sont directement associées, mais elle correspond sans doute à un type de figurines protectrices. La notice du musée continue ainsi : « Sculptée dans un seul morceau de bois clair et léger, cette statuette présente des formes stylisées. Ses bras sont collés au corps, et les détails (mains, pieds, oreilles) sont simplement soulignés par des incisions. Elle porte un pagne en tissu d’importation imprimé et coloré, décoré de motifs géométriques. Sur le piédestal est gravé un motif stylisé de frégates. Ces oiseaux sont des indices pour les pêcheurs : leur présence indique celle de bancs de poissons et notamment des bonites. »
© M. du Havre, N° 2012.8.55
En savoir plus sur Détours d'Océanie
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.
