La mort du Capitaine Cook en février 1779 est devenue rapidement un épisode légendaire, mettant à mal le mythe du «bon sauvage» qui était alors véhiculé dans l’Europe des Lumières.
Les faits sont connus. Cook débarque à Hawaï en janvier 1779, accueilli comme un «dieu». Il repart en février, mais une avarie oblige le Resolution et le Discovery à revenir. L’accueil n’est plus le même, des tensions surgissent.
Cook sera assassiné le 14 février.
Les interprétations, quant à elles, ont fait couler beaucoup d’encre… Retenons celle de M. Salhins.
Lorsque Cook débarque, les Pléïades sont bien visibles dans le ciel : c’est l’époque où Lono, le dieu de la fertilité «revient» sur terre. Les prêtres portent une effigie de Lono en procession autour de l’île, comme le représente ce dessin. Les rites du Makahiki se déroulent.
Le roi se met en retrait car il est une «représentation» de Ku, la divinité de la guerre; c’est le temps de Lono et les conflits territoriaux doivent cesser.
La vue des mats et des voiles blanches des navires retentit comme un écho visuel de la manifestation de Lono. Cook n’est pas considéré comme un dieu mais comme une «instanciation» de la divinité.
Aussi, lorsqu’il part, le temps de Lono est terminé. Le dieu est mort d’une certaine façon, laissant la place aux lignées des hommes; c’est le sens des sacrifices rendus à Lono lors du Makahiki.
Mais lorsque Cook revient, les tensions croissent. Aussi lorsqu’il réclame la présence du roi pour une chaloupe volée, il met en danger le pouvoir de ce roi puisqu’il manifeste clairement l’opposition Lono-Ku.
Et cela est incompréhensible, impossible dans le monde des hommes.
La mort de Cook résulterait de cette logique.
À lire en ligne, l’article passionnant, interrogeant cette interprétation :
ZIMMERMANN Francis, 1998, « Sahlins, Obeyesekere et la mort du capitaine Cook », L’Homme, 146.
Sources :
SAHLINS Marshall, 1989, Des îles dans l’histoire. Paris : EHESS/Gallimard/Le Seuil (éd. originale : Islands of History, The University of Chicago Press, 1985).
La Mort de Cook, le 14 février 1779, Johann Zoffany, huile sur toile vers 1795, National Maritime Museum, Londres.
Dessin extrait du site Starbulletin.com
Photo 3 : Effigie en plumes, collectée lors du 3ème voyage de Cook, © The British Museum.
Il est finalement mort d’un choc de cultures. Comment l’un et l’autre des deux groupes pouvaient ils se comprendre ?
Le récit de l’interprétation de cette mort est intéressant quant aux arrières plans historiques.
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L’explication est intéressante. Je garde cet article dans mes fils, car j’aimerais en savoir un peu plus dès que j’ai une minute.
Véro
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qui est l’auteur de la première peinture ?
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Johann Zoffany
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merci 🙂
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