
Il y a cinq ans, jour pour jour, j’assistais à l’EHESS à la soutenance de sa thèse par Anne-Sylvie Malbrancke sous la direction de Pascale Bonnemère, et en présence notamment de Maurice Godelier et Laurent Dousset.
Si j’en parle aujourd’hui c’est que je me suis aperçue, il y a peu, de sa mise en ligne : Une épouse pour de l’argent ? Des pratiques matrimoniales en mutation et leurs répercussions socio-culturelles chez les Baruya de Papouasie Nouvelle-Guinée , et par suite de la possibilité de se plonger dans cette somme conséquente.
En effet, pour ceux qui s’intéressent à la Papouasie Nouvelle-Guinée, il est indéniable que la lecture de Maurice Godelier a fortement marqué une génération d’anthropologues ou de simples curieux des cultures du Pacifique dont je fais partie : Le peuple des Baruya n’est-il pas devenu (sur le ton de la plaisanterie) « les Baruya de Godelier » !! Bref il fallait un certain courage chez cette jeune femme pour partir plus de 40 ans après, sur ce même terrain, « post-Godelier ».
A.-S. Malebrancke choisit d’entamer sa thèse par une citation de George C. Bond (1990) : » Les notes de terrain sont le bien le plus sacré d’un anthropologue. Ce sont des biens personnels, qui font partie d’un monde de souvenirs et d’expériences privées, d’échecs et de succès, d’insécurités et d’indécisions. […] Permettre à un collègue de les examiner serait ouvrir une boîte de Pandore« (trad. libre) et c’est donc bien à partir d’un lourd mais conséquent héritage qu’elle a entamé ses recherches puisque M. Godelier a ouvert ses cahiers de terrain et les a mis à disposition afin d’être numérisés.
Ainsi, à partir d’une base de données datant des années 60 à 80, et portant notamment sur la parenté, profondeur généalogique qu’il fallait déjà assimiler, A.-S. Malebrancke a réalisé un travail de Master débuté en 2009, puis a démarré son propre terrain en 2013 dans la vallée de Wonenara. Elle questionna notamment les stratégies matrimoniales, les rapports Hommes/Femmes et le modèle de « Grands Hommes » dans une société transformée dans ces dernières décennies par une christianisation plus ou moins forcée, l’émergence d’une économie de marché (développement notamment de la culture du café) et la mise en place d’une « démocratie » post coloniale.
Un très très gros travail… De manière plus succincte, on pourra lire aussi son article de 2017 : Du sperme au sang : métamorphoses de la parenté et de la société baruya (Papouasie Nouvelle-Guinée) in Journal des Océanistes 144-145.
Anne-Sylvie Malbrancke questionne Maurice Godelier. © Maurice Godelier