Le dernier numéro de Pacific Arts : The Journal of the Pacific Association est disponible en ligne.
Parmi les nombreux articles, celui de Deborah Waite a attiré mon attention car il revient sur la fonction des ornements de pirogues des Salomon occidentales.
Si les figures de proue présentant une tête de chien prognathe sont bien connues, on évoque rarement ces splendides objets en forme de planches sculptées en bas-reliefs, généralement polychromes.
Les motifs de ces sculptures sont intéressants car récurrents : des figures anthropomorphes assises à tête de frégate, probable allusion à l’esprit de la mer Kesoko, parfois des têtes humaines ; les planches étant enrichies par des représentations d’anneaux et d’ornements en coquillage, notamment des barava de forme triangulaire (par exemple sur la tête de la frégate photo ci-dessous).

Plus curieusement on trouve des ornements de proue de pirogue de la sorte avec une tête ou plutôt un crâne caractérisé par l’absence d’oreilles remplacées par un grand anneau sculpté laissant place à un immense trou ouvert jusqu’au milieu de la tête.

© Pitt Rivers Museum 1926.23.54
Deborah Waite met en rapport la présence de motifs d’anneaux, et plus généralement ceux de coquillages sur ces ornements de pirogues avec des pratiques funéraires. En effet, celles-ci consistaient, entre autres, à placer des anneaux de coquillage sur les ouvertures des crânes de défunts. On peut aussi imaginer que les motifs d’ornements de pirogues correspondent à des représentations d’anneaux de coquillages attachés dans un filet entourant le crâne comme le montre la figure ci-dessous.

L’efficacité des pratiques de pêche ou de chasse aux têtes était donc reliée au pouvoir ancestral dont se prévalaient les possesseurs des pirogues ainsi ornées.
Pour plus de précisions, il faut lire l’article de Deborah Waite : Canoe Carvings from Western Solomon Islands: The Operative Efficacy of Simultaneous Visual Presences in Pacific Arts: The Journal of the Pacific Arts Association, 21(1). En ligne