
Heidelberg, juillet 1900
Je referme le carnet de Luca.
Ma décision est prise, je vais retourner à Kapsu.
Mon bébé est là, il m’attend.

« J’ai appris autrefois, quand j’étais jeune,
À peindre des tableaux, de beaux tableaux corrects,
À jouer de belles sonates sans fausse note
-Sonate du Printemps, Sonate à Kreutzer –
Je courais dans le monde clair, ouvert
J’étais jeune, aimé, célèbre…
Par la fenêtre, toutefois, un jour,
Riant de ses mâchoires édentées,
La mort m’a regardé, et de ce jour
Le gel n’a plus quitté mon coeur.
Je me suis enfui,
J’ai couru, j’ai erré partout.
Ils m’ont rattrapé, ils m’ont enfermé
Année après année. Par la fenêtre,
Au-delà de la grille elle regarde.
Elle regarde et rit. Elle me connaît.
Elle sait.”
Hermann Hesse : Louis Soutter in Die späten Gedichte. Insel Verlag, 1963.
Merci aux auteurs de cette vidéo qui m’a inspiré le personnage de Marie