
La troisième mission de Davis s’effectua de mai 1892 à novembre 1892. Au vu de la concurrence accrue qui se jouait entre l’Allemagne, l’Amérique et autres pays européens, le gouvernement britannique avait décidé d’établir un protectorat sur les territoires appelés îles Gilbert (maintenant Kiribati) et d’étudier la possibilité de l’étendre aux îles Ellice (maintenant Tuvalu) :
« Protectorates have been decided upon, not on account of the territorial importance or the commercial advantages of the islands, but in order to enable Her Majesty’s Government to repress crime and disorder, and especially in view of the recent revival of the labour traffic in these seas, to protect both the natives and persons dealing with them against outrages and injustice » (in Pacific artefacts and the voyage of HMS Royalist 1890-1893 p. 42)… des territoires qui ne présentaient pas d’intérêts commerciaux directs mais permettaient de servir de base pour asseoir l’autorité anglaise dans la région.
Ainsi débute une série de « planter du drapeau » pour Davis, visitant une à une les 16 îles formant les Gilbert. Il semble qu’il fut bien accueilli par la population locale, un peu moins de la part des Américains qui s’étaient installés là… C’est dans ce contexte que Davis a acquis des objets et a méticuleusement conservé les photographies prises par un membre de son équipage et qui constituent maintenant un précieux témoignage. Sur les 1481 objets de la collection Davis, il y a 561 armes dont une grande partie provient du Vanuatu lors de son escale du 1er voyage. Dans les îles Gilbert, s’il a également acquis des armes, Davis a peut-être réalisé (et les photographies l’attestent) qu’il se trouvait à un moment charnière où les indigènes allaient abandonner les curieuses armures que les guerriers revêtaient afin de régler les conflits (généralement liées à des revendications territoriales ou à des représailles) parce qu’ils allaient entrer dans un monde où la justice serait rendue par la loi britannique…


Étonnante armure de fibre de coco, et dont le casque est formé du corps d’un poisson porc-épic. Outre la protection physique que ces imposants accoutrements pouvaient conférer, c’est aussi le lien des matériaux avec l’océan et les entités qui y résident qui rendait ces objets efficaces. Les couteaux affichaient un manche en bois bordé de paires de petites dents de requin de dangerosité terrible pour les tissus humains.


Après cette mission et dès son retour en Angleterre, Davis a songé vendre sa collection. L’un de ses amis ayant refusé d’acheter la collection dans son ensemble comme il en avait été convenu, Davis a fait appel à un imprimeur afin de faire publier un catalogue de ses objets. Il savait qu’à l’époque de nombreux musées mais aussi des collectionneurs étaient aux aguets des collectes faites par les navires au long cours. C’est ainsi que dès 1894, commença la dispersion des objets « Davis »…