« Si vous le jugez approprié,
vous pouvez les brûler toutes ;
ou, si vous le voulez,
envoyez-les dans votre pays
pour être inspectées
par les peuples d’Europe
afin qu’ils puissent satisfaire
leur curiosité
et connaître les dieux ineptes de Tahiti ».
Pomaré, 1816
C’est en 1816 que Pomaré II donna quelques « idoles familiales » et écrivit cette étonnante lettre (ci-dessus). Ces « idoles » semblent avoir été les premiers objets religieux que la London Missionary Society ( The Missionary Society évoquée dans le précédent article prit ce nom en 1818) envoya de Polynésie vers l’Angleterre.
Steven Hooper dans son article « La collecte comme iconoclasme » (in Gradhiva 7, 2008) suggère que l’on pourrait ainsi considérer Pomaré comme ayant « inspiré » les habitudes de collecte plutôt énergiques adoptées par les membres des missions afin de remplir le musée nouvellement créé à Londres. Celui-ci avait été fondé non pas avec des visées pédagogiques mais plutôt pour faire connaître les succès de la LMS et susciter des dons. Les objets étaient considérés comme de véritables trophées dans la bataille que les missionnaires livraient contre le paganisme. Hooper suggère également que ces idoles pouvaient être vues comme de véritables « indicateurs de performance » des missionnaires.



De nos jours, dans les collections du British Museum, les objets numérotés 2, 3, 9 peut-être aussi 7, 8, ont été identifiés. En effet, on sait que des objets de la LMS ont été mis en dépôt par son musée au British Museum en 1890 et officiellement acquis par le British en 1911.


en os de baleine
Les trois premières photos ci-dessus sont des to’o de Tahiti dont j’ai déjà parlé à plusieurs reprises (voir article 1 et article 2 et qui font l’objet d’un chapitre de mon ouvrage Détours de Nulle Part )
La petite statue féminine, LMS98, correspond probablement au dessin 8 de la gravure ci-dessus. On la retrouve dans l’une des nombreuses fiches de l’anthropologue James Edge Partington (né en 1854 et mort en 1930)

Effectivement, on doit à ce dernier d’avoir dressé des fiches, « à ses heures perdues », sur la collection ethnographique du British Museum, et d’avoir pu ainsi renseigner de nombreux objets.
Photo 1 : Idoles familiales de Pomaré II, couverture de Missionary Sketches III, oct. 1818. © Council for World Mission / SOAS (CWML L 50).
Photos 2 à 7 : ©The British Museum.