
J’ai évoqué il y a peu, le fonds de photographies sur les villages du Sepik conservées au musée d’anthropologie de l’université du Queensland et issues du voyage de N.D. Bartlett dans les années 53-54. On y remarque entre autres, la photographie de la grande maison cérémonielle Wolimbit de Kanganamam. Kanganaman (ou Kankanamun) est un village célèbre sur le moyen Sepik et par conséquent sa plus grande maison cérémonielle a attiré plus d’un photographe amateur ou pas…
Nous la trouvons photographiée pour la première fois (?) en 1925 par Ernest William Pearson Chinnery, un anthropologue australien qui a travaillé dans cette région dans ces années là.

Elle est presque identique à celle prise par Stanley N. Shurcliff, appartenant à la Crane Expedition, qui passe dans le village en mai 1929.

La photographie suivante, prise par Felix Speiser en 1930 dévoile la même maison. Flèche faitière, grand masque de façade, petite fenêtres de pignon comportant des crânes posés sur les ouvertures, existence d’un étage avec un escalier central d’accès, grand poteaux… L’existence de grands pans de chaume, des cloisons de feuilles de sagoutier rendaient en grande partie impossible une vue de l’intérieur.

Avec Gregory Bateson, en 1931, la maison Wolimbit est de nouveau à l’honneur. Il est de plus très intéressant de fouiller dans les collections du MAA Cambridge et découvrir les nombreuses photographies prises par Bateson à Kankanamun.

On remarque ici plus précisément le monticule cérémoniel sur lequel sont déposés les cadavres ennemis et les captifs, qui se retrouve généralement devant les grandes maisons cérémonielles des autres villages de la région.
Une vingtaine d’années plus tard, sur la photographie de Bartlett on constate que la maison est bien abimée, et qu’elle n’a déjà plus le même aspect. Si les premières versions de la maison cérémonielle pouvaient ressembler à un modèle de type architecture « Sawos », la façade principale est maintenant ouverte et laisse entrevoir la statue d’une femme jambes écartées au deuxième niveau.
En 1978, lorsque passe Brigitta Hauser-Schaublin, l’aspect est semblable à celui dévoilé par Bartlett ; la maison a dû cependant être refaite dans les 25 années passées, mais le style que l’on connaît de nos jours s’est figé, et l’intérieur est devenu visible.

Maintenant, cette « maison des esprits » ou « Haustambaran » est particulièrement entretenue car classée monument d’intérêt national par l’UNESCO.
En 2018, lors de mon passage, elle avait cet aspect :



On pourra notamment trouver de nombreuses explications sur les sculptures faîtières du Sepik dans l’article de Christian Coiffier dans Tribal 91 – printemps 2019 et plus généralement sur l’architecture des maisons cérémonielles du Sepik dans les différents écrits du même auteur.
