
© National Library of Australia
De nos jours, on connaît bien les noms d’Ahutoru, de Tupaia et de Maï qui sont ceux de Polynésiens qui ont eu l’initiative du premier pas vis-à-vis de Bougainville et de Cook. On connait moins celui de Hitihiti ou Oedidee ou encore de Mahine, un jeune originaire de Bora-Bora, juste âgé de 16 ans à l’époque du 2ème voyage de Cook à Tahiti.
Il se rapproche de Georg Forster à Tahiti et, un soir de septembre 1773, il lui fait part de son vif désir d’embarquer.
La chose fut vite conclue, et le jeune homme navigua 7 mois à bord de la Resolution visitant les îles des Amis (Tonga), la Nouvelle-Zélande, l’île de Pâques et les Marquises. Cependant, il renonça à l’idée de venir en Angleterre et débarqua à Raiatea en juin 1774… et ce malgré la peine de l’équipage qui s’était attaché à ce charmant jeune homme, et de la sienne : « His tears, his sighs and look were eloquent beyond description » écrit Forster;
Il joua le rôle d’intermédiaire auprès de Cook, à l’instar de Tupaia. Il était, de plus, un grand collecteur et aida les Forster dans cette tâche notamment pour recueillir des artefacts. Forster témoigne de ce fait à l’île de Pâques où il achète beaucoup. En mars 1774, parmi ses achats, se trouve un objet unique en son genre : « As he took great pains to collect these curiosities, he once met with the figure of a woman’s hand, carved of a yellowish wood, nearly of the natural size… Mahine afterwards presented this piece to my father, who has in his turn made a present of it to the British Museum« .
Et la main de l’île de Pâques se trouve de nos jours effectivement au British Museum :

Mais Hitihiti ne s’évanouit pas dans l’Histoire pour autant.
Il est mentionné dans Le journal de Maximo Rodriguez en 1774 lorsque la première mission péruvienne débarque dans le but de s’installer et christianiser Tahiti. À son bord, deux Pères missionnaires, deux Tahitiens, et l’interprète Máximo Rodríguez. Hitihiti est alors connu sous le nom de Ojitijiti.
Nous le retrouvons ensuite dans le Journal de James Morrison du 15 février 1789. C’est lui qui informe le capitaine Bligh de l’endroit où se trouvent les marins de la Bounty qui avaient volé une petite chaloupe.
Puis deux ans plus tard (la mutinerie a eu lieu en avril 1789), les mutins ont quitté Tubuaï. En mars 1791, un bon petit groupe s’est établi à Tahiti lorsqu’un ami de Hitihiti les informe de l’arrivée des Anglais venus pour les capturer. Hitihiti était alors devenu le pilote du capitaine Edwards sur la Pandora !
Mais le destin est du côté de Hitihiti. La Pandora repart pour l’Angleterre le 19 mai 1791 et s’échouera sur la Grande Barrière de Corail le 29 août.
Le Tahitien avait été débarqué le 21 mai dans une île sous le vent ! Après, je perds sa trace…
Source : A voyage around the world. George Forster. Ed. by Nicholas Thomas & Oliver Berghof, Un.of Hawai’i Press, 2000. p. 222 – 313 – 314 et 402.
Journal de James Morrison, second maître à bord du Bounty. p.45 – 180