Une sculpture anthropomorphe de Rarotonga – 11

Vitrine du LMS Museum
LMS 169 © British Museum

Les sculptures de Rarotonga déjà évoquées sont du type « dieu – bâton » ou « dieu des pêcheurs ». Néanmoins il existe deux exemplaires anthropomorphes connus qui allient les formes et l’iconographie de ces objets « représentant le divin ». L’un d’entre eux est conservé au British Museum sous le numéro LMS169. Cette effigie masculine debout de près de 70 cm de hauteur, sculptée en bois de fer, a échappé à l’émasculation. Elle présente sur son torse trois petits personnages et sur ses bras, 2 personnages en bas-relief entre lesquels du sennit enveloppe encore partiellement des morceaux d’étoffe d’écorce et des plumes.

Edge-Partington avait également réalisé une fiche sur cette sculpture (anc. LMS42) qui se réfère à la planche toujours très détaillée de Buck ci-dessous :

On peut encore lire sur la fiche mais rayé : « Te Rongo et ses 3 fils… » car effectivement on ne peut pas connaître l’identité de ce personnage. Le dieu Tangaroa a aussi été suggéré, mais tout n’est que suppositions.

Détail du torse LMS169 © British Museum
Détail du profil LMS169 © British Museum

On remarquera au dessus-des petits personnages, une petite poitrine, déjà présente sur certains dieux des pêcheurs. La petite figure centrale est particulièrement bien sculptée, dégagée au niveau de la tête et des épaules, et comme les autres, elle présente le style typique des petits personnages masculins des dieux-bâtons. Les deux petites figures des bras présentent les mêmes caractéristiques.

Collection Ortiz

La statue du British Museum n’est pas unique, et il en existe une semblable dans la collection George Ortiz. Cette sculpture a été collectée par Elijah Armitage, un missionnaire envoyé dans les mers du sud avec sa famille par la London Missionary Society en 1821 afin d’enseigner aux Tahitiens la filature du coton. Cet apprentissage ne porta pas ses fruits et il vint s’installer à Rarotonga en 1833, mais ses tentatives furent là encore vouées à l’échec. Il rentra en Angleterre en 1835 emportant cette statue qu’il garda. Celle-ci est restée dans la famille jusqu’en 1972. Plus petite que son homologue du British Museum (56cm), elle en possède les caractéristiques et le « style » de Rarotonga. Six petits personnages sont sculptés à différents endroits de son corps. Deux personnages sont placés horizontalement sur son torse, et deux autres sur le haut des cuisses ; enfin, deux petites sculptures sont placées verticalement sur les fesses.

Les oreilles de la sculpture sont percées, et d’après le catalogue de la vente Ortiz (1978), elle portait des ornements en ivoire, en forme de testicules qui étaient attachés au moyen d’une petite cordelette tressée de cheveux humains. Lot 197.

Lors de l’examen de cette sculpture, Dale Idiens (A recently discovered figure from Rarotonga) remarque le manque de finition de celle-ci : si le haut est impeccable, les côtés du torse, le bas du corps et les petites figures sur les flancs et les fesses n’ont pas été terminés. La première explication serait d’affirmer l’inutilité d’achever la sculpture puisque certaines parties sont destinées à être enveloppées dans du tissu d’écorce. Cet argument est difficile à recevoir étant donné le nombre de contre-exemples en Polynésie ! Idiens pense plutôt que le sculpteur a pu mourir au cours de sa fabrication, ou a peut-être enfreint une partie du rituel associé au processus de création d’une image sacrée avant qu’elle ne soit terminée.

Photo 1 : Vitrine du LMS Museum © T.D.R.
Photo 2 : Sculpture LMS 169 © British Museum
Photo 3 : Fiche d’Edge-Partington LMS 169 © British Museum
Photo 4 : Planche de Peter Buck in Arts and Crafts of the Cook Islands
Photo 5 : Détail du torse LMS169 © British Museum
Photo 6 : Détail du profil LMS169 © British Museum.
Photo 7 : Sculpture de Rarotonga © Collection G. Ortiz.
Photos 8 et 9 : Vues de dos et profil in The George Ortiz Collection of Primitive Works of Art, Sotheby Parke Bernet, 29 juin 1978. Lot 191.

Photo 10 : Pendant d’oreille en ivoire de cachalot © G. Ortiz.

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