
Les ventes de la collection Davis ne se sont pas limitées pas aux musées du Royaume-Uni car Gerrard&Sons s’est appuyé sur ses réseaux européens pour la dispersion des objets, et c’est ainsi que le Rautenstrauch-Joest Museum de Cologne est devenu le plus grand détenteur d’objets « Davis », avec 356 objets achetés.

Ce musée a été fondé en 1901 par Adele Rautenstrauch en l’honneur de son mari Eugen décédé en 1900, et de son frère, géographe et ethnologue, Wilhelm Joest, dont elle avait hérité la collection (3400 objets) après sa mort en 1897. Le musée fut inauguré en 1906, et petit à petit les collections furent complétées par des sources externes, dont des achats à Gerrard & Sons. Son premier directeur, Wilhelm Foy, a commandé à cette maison, via le catalogue de Davis, un certain nombre d’objets, mais par manque de moyens, les achats ont dû être effectués à trois reprises. Quatre objets ont été achetés pour la première fois en 1903 avec l’argent de Georg Küppers-Loosen, cofondateur de l’Association des amis du musée et membre de la Société coloniale de Cologne. Lui-même était un grand voyageur et il a fait don de nombreux objets qui sont à la base du fonds du musée (notamment plus de 20% des objets océaniens) et près de 10000 photographies. Les deuxième et troisième achats eurent lieu en 1904, et ce sont 104 objets qui furent achetés avec l’argent de Wilhelm Rautenstrauch, le cousin d’Eugen. Enfin, les 248 autres objets furent acquis avec l’argent du musée par commande directe de Wilhelm Foy.

À l’époque, les collectes dans les colonies allemandes du Pacifique étaient nombreuses et les musées allemands se livraient une forte concurrence pour acquérir les objets. Hambourg, avec l’expédition Südsee de 1908-1910, puis Berlin avec l’expédition de 1912-1913 se sont taillé la part du lion. Déjà, dès la fin du 19ème siècle, les compagnies commerciales allemandes avaient rapporté du Pacifique des objets en grand nombre et avaient vendu aux musées les plus offrants. Cologne faisait figure de parent pauvre dans cette course aux artefacts. Cela explique la difficulté du musée dans ses premiers achats sur fonds publics à Gerrard & Sons et le fait qu’ils furent acquis en utilisant principalement des fonds privés.

Néanmoins pour son premier achat en 1904, Wilhelm Foy a acquis une pièce imposante et qui va s’avérer être rare : une tête de crocodile sculptée constituant une partie d’un important bol cérémoniel des Salomon et qui fait écho à la pièce similaire du British Museum Oc1903,1007.1
Un point intéressant à noter (cf. toujours la source principale de ces articles RESONANT HISTORIES – Pacific artefacts and the voyages of HMS Royalist 1890-1893), réside en ce que le Rautenstrauch-Joest Museum a échangé une petite partie de la collection avec d’autres musées et des marchands. On sait ainsi qu’on retrouvera un objet au Volkenkunde Museum de Leyde, échangé en 1913, que treize objets ont été échangés avec le marchand Arthur Speyer en 1921, un objet avec le Weltkulturen Museum de Francfort en 1922, et enfin un autre est allé au Staatliches Museum fur Volkerkunde Munchen la même année. Il s’agit de petits objets utilitaires qui sont des doublons d’autres artefacts de la collection Davis de Cologne. (Malheureusement des images difficiles à trouver dans les bases de données de ces musées afin d’illustrer ce dernier points)..