
J’ai, à de nombreuses reprises, évoqué l’étonnante sculpture nommée A’a. On trouvera ainsi 3 articles détaillés écrits en 2020 : A’a de Rurutu (1) – 12, A’a de Rurutu (2) -13 et A’a un reliquaire ? – 14.
Alors, pourquoi en reparler aujourd’hui ?
Il se trouve que j’ai pu me rendre à Rurutu cet été et demandé à voir la copie, un moulage en plâtre, offerte par Hermione Waterfield à la mairie de Moera’i sur l’île. Elle est conservée dans une salle située près de l’aéroport et attend la construction d’un musée où pourront se joindre quelques pièces supplémentaires…
Une copie qui n’est pas unique, pour preuve celle qui trône dans une vitrine de l’aéroport de Papeete et réalisée en 2011 par le sculpteur Warren Teng Koan mais faite dans du bois d’acajou :



Le président du comité des Sages qui m’a accompagnée lors de cette visite, m’a livré son interprétation de la sculpture, différente de ce que j’ai écrit dans les trois articles cités de 2020.
Il s’agit d’une version plus chrétienne s’appuyant sur la Sainte Trinité. La copie de A’a renfermerait trois petites effigies représentant les divinités Roometuaore, Auraroteata et Teatu Iteroa.
La légende affirme que jadis, un roi a promis à son fils Amaiterai de lui léguer son trône s’il était capable d’aller chercher la Sagesse. Le prince s’est mis en quête, voyageant dans les Australes, à Tahiti, puis a souhaité gagner l’Australie, mais s’est arrêté en Nouvelle-Zélande l’ayant trouvée. Je n’ai pas forcément tout saisi dans son récit et il se peut que la Nouvelle-Zélande soit plutôt l’Angleterre où il aurait rencontré des missionnaires et vu en la figure du Christ, celle de la Sagesse.
De retour à Rurutu, il fit sculpter Ti’i A’a avec des petits personnages représentant les ancêtres de tous les clans dans l’île. Il souhaitait ainsi que les habitants de l’île aient sous les yeux une représentation de cette Sagesse, et puissent toucher la sculpture.
Cette version est intéressante, car l’histoire étant antérieure à la venue des missionnaires sur l’île, elle permettrait d’intégrer le christianisme dans une suite logique de l’histoire de la religion de Rurutu.
Plus de précisions sur le mythe d’Amaiterai dans l’article Les puta tupuna de Rurutu d’Alain Babadzan :
Photos de l’auteure, août 2022.
Abonné depuis mai dernier seulement, j’ai l’honneur et le plaisir de vous féliciter pour l’immense qualité de votre travail, sans équivalent pour le passionné d’Océanie que je suis, d’autant plus précieux que je ne bouge plus guère de ma retraite gersoise. Bravo et merci, François Dufour.
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Merci pour votre gentil commentaire ! Bien à vous. Martine B.-P.
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