A’a de Rurutu (2) – 13

Arrêtons-nous quelques instants sur la forme de cette fameuse sculpture. L’importance de la tête et de sa forme phallique constitue probablement l’une des premières remarques faites à son sujet, suivie de celles concernant le foisonnement des petits personnages extérieurs et l’existence de la cavité dans le corps de la statue.

Nous avons été familiarisés par l’existence de petites figures sculptées en relief sur le corps d’une statue avec l’exceptionnelle figure de Rarotonga ; ici leur nombre est impressionnant et les petits personnages sculptés arborent deux formes bien distinctes : les uns ont les bras repliés sur la poitrine, les autres présentent les bras écartés et l’abdomen proéminent. Il n’y a pas d’alternance de masculin et de féminin. Signifient-ils quelque chose ? Avaient-ils une fonction ?

Steven Hooper, dans son article Embodying Divinity : The life of A’A paru dans The Journal of the Polynesian Society Vol. 116, No. 2, juin 2007, a étudié de près ces personnages. Il a notamment relevé des traces de patines différentes, mates à certains endroits, plus polies ailleurs, peut être le résultat d’une ancienne pratique consistant à huiler la statue. Il en conclut que certains petits personnages auraient pu être réalisés pour des actes rituels ; ceux situés au niveau des oreilles et du nez auraient pu servir à fixer un ornement de coiffure ou de la tête, ceux sur la poitrine pour assurer les liaisons latérales et tenir le panneau arrière. Ceux sur les hanches, les côtés, le pénis et le bas du dos panneau permettaient peut-être l’attache d’un pagne élaboré.

Steven Hooper remarque encore les restes de clous répartis de manière irrégulière sur la statue.  Faisant l’hypothèse qu’ils ont été insérés avant le don de la statue aux missionnaires, ces clous auraient servi à véritablement emmailloter A’a car un simple pagne aurait été insuffisant aux yeux de Polynésiens lorsque cela concernait une image « sacrée » exposée. Mais qu’en est-il de la fonction de cette sculpture ? Les 24 petites statues contenues dans le corps de A’a ont été dispersées.

 

plume-rouge-aaA’a servait-il réellement à contenir ces petites figurines ? Et si elles avaient été rassemblées là uniquement le temps d’une traversée sur une petite embarcation (de Rurutu à Raiatea) ? Steven Hooper pense fortement que A’a a pu être un reliquaire. D’après les dimensions de la cavité, un crâne et éventuellement des os longs, le tout enveloppé dans de l’écorce d’étoffe avec des plumes, auraient pu tenir dans le corps de A’a.
En novembre 2015, cette minuscule plume rouge de 1,5cm a été retrouvée à l’intérieur de la cavité. Des experts l’ont identifiée comme provenant d’un loriquet de Kuhl, une espèce en voie de disparition trouvée sur une île proche de Rurutu.

Que dire de A’a en tant que reliquaire ?

 

Photos 1 à 4 : de l’auteure au British Museum, 2008. Détails de A’a.
Photo 5 : plume © British Museum, photo accompagnant la fiche de Oc,LMS.19.

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