
William Oldman fut l’un des grands collectionneurs d’objets polynésiens du début du XXème siècle, au même titre que Harry Beasley, Alfred Fuller et James Hooper. Peu de choses sont connues sur la biographie d’Oldman. On doit à Hermione Waterfield dans son ouvrage de 2009, Provenance, quelques détails sur ces collectionneurs. Oldman est né en 1879, et commence à collectionner très jeune. Il a certainement acheté dans les ports anglais, tels ceux de Londres et Porthsmouth où les marins étaient très actifs pour du petit commerce en tout gendre. Grâce à eux, l’on pouvait se procurer des artificialia à bon prix car moins prisés que les objets d’histoire naturelle. Il devint marchand d’objets ethnographiques à partir de 1901. Oldman connaissait très bien W. D. Webster qui fut l’un des premiers grands marchands anglais, ce dernier le considérait comme son « protégé ».
À l’instar de Webster, il dressa très vite des catalogues de ses objets et il est précisément connu des collectionneurs pour ses catalogues bien documentés.
En 1927 il créé un petit musée à Clapham Park à Londres. Sa collection était devenue prodigieuse, en témoignent les nombreuses photographies (comme celle ci-dessous). Mais lors de la seconde guerre mondiale, Clapham fut bombardé ; lui et sa femme échappèrent de justesse à la mort. Décidé, après ces évènements, à vendre sa collection qui contenaient de nombreux artefacts maoris, il se tourne vers la Nouvelle-Zélande.

C’est ainsi que le 13 Août 1948 Oldman vend sa collection d’objets océaniens au gouvernement néo-zélandais pour £ 44,000. Mais moins d’un an plus tard, il décède, et sa veuve vendra le reste des artefacts au British Museum en 1950. En 1992, le gouvernement de la Nouvelle-Zélande transfère la propriété juridique et l’administration de la collection Oldman au Musée Te Papa Tongarewa. La collection reste répartie entre les musées régionaux de la Nouvelle-Zélande.
Certains objets de la collection Oldman ayant pour origine la Polynésie centrale ont été acquis auprès des familles de missionnaires de la London Missionary Society, d’autres peuvent mis en relation avec la LMS comme ayant été acquis auprès de George Bennet, le missionnaire et compagnon de voyage autour du monde du révérend Daniel Tyerman, ou encore Ebenezer Prout, le biographe de John Williams, et aussi James Edward Little le fameux marchand de Torquay dans le Devon, connu aussi pour ses merveilleuses « répliques »…
David Shaw King, dans l’ouvrage de 2015 : Missionaries and Idols in Polynesia, qui fait suite à son formidable travail de 2011 résumé dans le livre Food for the flames, consacre un grand chapitre aux objets de la collection Oldman qu’il a pu identifier comme provenant de la LMS. Parmi eux, je retiendrai cette « image d’Oro » de Rurutu :

Cet objet combine en effet plusieurs styles. Il ressemble d’une certaine façon à un to’o avec une âme en bois entourée de sennit. Cette « gangue » doit probablement contenir des plumes rouges, des dents, des cheveux, ou peut-être et encore des ongles de défunts de haut rang. Mais l’âme de bois « dépasse » l’emmaillotage et l’on aperçoit aux deux extrémités des petits personnages dos à dos qui ne sont pas sans rappeler ceux de l’objet Oc1982, Q.119 évoqué dans l’article Une étonnante sculpture d’Aitutaki, ou encore les petites figures qui peuplent le corps de A’a.
Cet objet a été donné par le Révérend Williams à Ebenezer Prout en 1835 et Oldman l’a acquis auprès du fils de ce dernier.
Au-delà des objets provenant de la LMS, l’on pourra se rendre compte de l’ampleur de la collection Oldman et ce, uniquement concernant les objets de Polynésie centrale, dans le supplément du Journal of Polynesian Society, volume 47 de 1938.
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